Franc-maçonnerie et symboles
En franc-maçonnerie tout est symbole, mais paradoxalement peu de francs-maçons aiment le symbolisme maçonnique. Aussi est-il dit qu’en franc-maçonnerie chacun peut interpréter le symbole comme il l’entend, c’est selon son bon vouloir.
Or le symbole maçonnique est à l’image d’une lettre qui associée à d’autres forment des mots, puis des phrases, pour au final nous délivrer un texte qui nous explicite l’univers.
Aussi, si nous voulons comprendre de quoi il s’agite, soit nous apprenons ce langage, soit nous restons des ânes bâtés sur le pont aux ânes.
Le symbolisme maçonnique est un langage qui ne supporte aucune approximation. Il est, clair, net et précis. Aussi est-il indispensable d’en comprendre toutes les nuances.
Il semble évident que toutes les initiations ne se valent pas et qu’elles ne sont pas toutes d’ordre ésotérique, cependant celles qui s’effectuent dans un lieu consacré et qui permettent l’élévation de l’impétrant, le sont. Il existe de part le monde une multitude de rites initiatiques et ils ont tous un tronc commun. Tous ces rites, bien que s’exprimant de manières différentes, ne sont à mon sens qu’une déclinaison d’interprétation d’un rite originel. Bien qu’issues de la même veine, ces variations sont dues aux différences culturelles et aux différentes sensibilités des initiateurs. Chaque religion et tradition sont une forme d’expression, elles sont à l’image de rayons qui, côte à côte, constitueraient une sphère et elles ont toutes leur raison d’être.
Chaque rayon est un chemin qui peut vous mener à l’éveil car tous ont, pour point de départ ou comme point d’arrivée selon le sens dans lequel on se place, le centre. Cependant si l’on reste à la surface de la sphère, ces voies restent distantes les unes des autres tout comme le sont deux rayons d’une roue en s’éloignant du moyeu. Mais si l’on délaisse la surface pour le centre, on s’aperçoit alors que plus on s’enfonce, plus les distances entre elles (les voies) diminuent. La franc-maçonnerie spéculative représente également une expression de ce rite originel. Elle est une voie, un rayon, mais qui est néanmoins, composée d’une multitude de brins qui sont les différents rites qui la composent, et ce, à la manière d’un toron.
Chaque brin crée et renforce le toron en étant intimement lié aux autres. Cependant, si cette intimité est avérée il n’y a pas pour autant fusion entre eux. Chacun bien que lié aux autres, reste totalement distinct et l’on prend alors conscience, que la multitude de rites maçonniques loin d’affaiblir le chemin initiatique, au contraire, le renforce. Ce qui fait dire que les prosélytes d’un seul et unique rite, s’entêtent à vouloir scier la branche sur laquelle ils sont assis. La multitude de rites maçonniques est à l’image des brins dans un toron tout comme le sont les brins qui composent la corde à nœuds dans le temple. Les lacs d’amour nous indiquent que tous les brins qui composent la corde sont d’égale valeur, et qu’il ne doit exister entre eux, aucune tension si l’on ne veut pas prendre le risque qu’un jour elle se brise.
Dans le précédent ouvrage, le Tome I, nous avons vu l’importance que recelait l’arbre séphirotique pour l’articulation des symboles dans le rite maçonnique. Nous avons vu également en partie, l’emprunt qu’a fait la franc-maçonnerie spéculative, de différents symboles, appartenant à plusieurs traditions et philosophies, pour créer ses rites. Nous avons relevé ces emprunts dans l’alchimie, le judaïsme, dans la tradition hindoue, dans la maçonnerie de métier etc. Nous avons également constaté que chaque symbole emprunté par la franc-maçonnerie, a été légèrement modifié afin de pouvoir se l’approprier de manière exclusive sous sa forme nouvelle et ainsi, supprimer toute revendication ou appartenance autre qui risqueraient de porter à confusion.
Les rites maçonniques sont nombreux : rite français traditionnel ou moderne, régime écossais rectifié ou rite ancien et accepté, égyptien, émulation etc. pour n’en citer que quelques-uns, mais nous ne traiterons que du rite écossais ancien et accepté et du rite français moderne, nommés respectivement REAA et RFM. Comme il est précisé dans le Tome I, le REAA et le RFM sont indissociables l’un de l’autre, ils se partagent une bonne partie des indices qui permettent le déchiffrage du chemin initiatique maçonnique. Aucun de ces deux rites, n’est meilleur que l’autre, car on ne peut déchiffrer correctement l’un de ces deux rites, que si l’on s’intéresse à l’autre. Ces deux rites se comprennent, se rectifient et se complètent l’un l’autre, comme pour l’arbre séphirotique maçonnique, à partir de l’effet miroir. Ils sont le tronc commun de tous les rites maçonniques. Pour cela, il faut représenter sur une feuille transparente, l’agencement du temple au RFM, une fois qu’il a été rectifié à l’aide du REAA. Pour le REAA il n’y a plus qu’à retourner la feuille et l’agencement du temple et des symboles apparaissent par transparence. Ces deux rites sont totalement inversés et pourtant ils sont totalement identiques, au même titre que le reflet de notre visage sur le miroir n’est pas différent de ce que l’on est, mais reste tout de même inversé. Il existe toutefois une difficulté qui réside dans le fait qu’il faut, pour chaque élément, savoir quel est l’emplacement exact qu’il doit avoir, afin de pouvoir rectifier par effet miroir le rite opposé. C’est ce que nous allons voir. Ces deux rites sont nés à des époques différentes, mais ils sont néanmoins indéchiffrables l’un sans l’autre. Méditons longuement là-dessus et un espace s’ouvrira alors devant nous. La lumière a ses raisons que la raison ignore.